KPop Demon Hunters : une métaphore visuelle de la pression sociale

Derrière son apparence électrisante et son rythme effréné, KPop Demon Hunters propose une analyse bien plus profonde qu'elle n'y paraît. Ce film d'animation allie l'esthétique de la Kpop à des combats surnaturels contre des démons.

Mais sont-ils de simples personnages ou représentent-ils autre chose ?

En réalité, le film cache une métaphore poignante sur la pression sociétale et les traumatismes psychologiques profonds.

Des thèmes encore trop tabou malgré leur impact dans la société et surtout en Corée du Sud où se déroule l'histoire.

Une double vie, 2 masques et une réalité pas si colorée

Dès les premières séquences, nos héroïnes sont dépeintes comme des individus puissants.

Elles sont fortes, populaires, belles et très puissantes, du moins c'est l'image qu'on attend d'elles.

Au fur et à mesure que l'on progresse dans le film, l'histoire nous plonge davantage dans une réalité qui est loin d'être aussi fantastique qu'on nous la présente.

Les protagonistes sont confrontées à leurs traumatismes qui ressurgissent du passé, provoquant en elles une détresse émotionnelle.

Bien qu'elles aient été formées pour rester constamment souriantes et inébranlables, des failles commencent à se révéler. Ce qui les mène à douter d'elles-mêmes et à se perdre petit à petit.

On réalise donc que leur groupe et leur personnalité ne sont en réalité qu'une illusion dissimulant des problèmes très ancrés auxquels chacun peut s'identifier.

C'est également ce que l'on observe au sein des groupes de Kpop, des idoles qui affichent une image parfaite mais dont la réalité est tout autre.

Ce film offre une plateforme pour critiquer l'industrie de la musique, mettant en évidence ses défauts et les dommages psychologiques possibles infligés aux artistes.

Mais surtout, il met en lumière l'impact des traumatismes non résolus durant l'enfance, qui au fil du temps, peuvent réapparaitre sous forme de stress post-traumatique.

Les marques des démons, une symbolique très profonde

Des marques sur le corps des démons et de Rumi sont présentes, mais ont-elles une signification ?

Ils leur est permis de les cacher, mais elles peuvent être perçues à leur insu, comme on a pu le voir lors de la chanson Soda pop.

Quand le groupe de Soja pop chante cette chanson, leurs marques sont comme reflétées sur leur peau.

Quand on étudie bien la question, on voit que ces marques ne sont portées que par des démons et que les humains, malgré leur faiblesse, ne les possèdent pas.

Ces créatures sont en vérité des personnes ayant passé un pacte avec Gwi-Ma, une entité qui a une emprise sur eux et dont nous avons peu d'informations. Même si Jinu évoque le passé de cet être lors de sa première apparition, nous ne savons pas grand-chose sur lui.

On peut donc penser que ces marques pourraient être des cicatrices psychologiques comme la peur, des échecs, de la culpabilité ou bien des traumatismes.

Cela expliquerait le fait qu'ils soient comme piégés dans un état d'esprit si négatif et dévastateur qu'ils deviennent un poison pour eux-mêmes.

Malgré le fait que Jinu et Rumi essaient de s'en sortir en s'entraidant, ils ont du mal à avancer à cause de leur passé et des pensées négatives qu'ils ont.

Ces pensées qui en réalité sont créées par Gwi-Ma chez Jinu et les pensées intrusives de Rumi les empêchent d'avancer.

Ce film met donc en lumière les blocages psychologiques que l'on peut avoir à cause des traumatismes et des pensées intrusives, qui sont ici incarnés par ces personnages.

Malgré leurs difficultés, on suit leur cheminement pour sortir de cette spirale toxique.

Kpop et Corée du Sud

Sans vraiment dénoncer directement, KPop Demon Hunters, critique l'industrie de la musique, la culture de la perfection et l'image parfaite imposée.

Entre répétition interminable, compétitions féroces et surmenage permanent, les artistes sont dans l'incapacité de se consacrer du temps.

Ce qui engendre des soucis de santé chez certains membres de groupe comme la dépression, burn-out, alcoolisme, etc

Il est donc évident que les personnages se trouvent dans un univers de perfection, où on leur rappelle constamment de rester souriants, irréprochables et accessibles pour leurs fans.

Au-delà du film, beaucoup de spectateurs peuvent s'identifier face aux exigences auxquelles ils peuvent faire face : excellence scolaire et familial, etc

Bien sûr, les réseaux sociaux, la technologie comme les IA, sont aussi très présente dans le film, ce qui fait aussi écho à notre réalité.

Nous sommes constamment submergés par de nombreuses informations en ligne, ce qui peut engendrer une dépendance qui force à toujours rester connecté et à nous créer des besoins.

Cela peut avoir un impact sur notre santé mentale, car on nous pousse à nous comparer aux autres et nous donne l'illusion de ne pas être légitime à accomplir certaines choses.

Golden, un hymne à la liberté

Dans la chanson Golden, on peut apercevoir deux couleurs qui interagissent entre elles : le noir et le doré.

On peut voir qu'au début du clip, les trois protagonistes sont chacune dans un lieu sombre, où un rayon de soleil traverse la pièce pour atteindre leurs yeux.

Et d'autres éléments comme la cape de Rumi qui est noire à l'extérieur et dorée à l'intérieur cachent un message fort.

Comme expliqué plus haut dans cet article, dans ce film chacun se bat pour sortir de ses pensées sombres et de ses blessures.

Ici, on peut apercevoir que malgré le fait que l'obscurité fasse partie intégrante de la pièce où elles se trouvent, il pourrait y avoir un échappatoire et une solution.

Le rayon de soleil touchant directement leurs yeux, pourrait montrer qu'il est possible de sortir de l'obscurité et de ses conflits intérieurs.

On observe qu'elles évitent de regarder le rayon et qu'elles tournent la tête pour l'éviter.

On pourrait penser que c'est pour ne pas être éblouie, mais il est possible qu'elles ne soient pas encore prêtes à affronter leurs démons intérieurs.

C'est d'ailleurs ce que l'on remarque au fur et à mesure de l'avancée dans le clip : on s'aperçoit qu'elles se libèrent de leur fardeau et qu'elles se révèlent telles qu'elles sont.

Mais elles continuent de cacher la vraie raison de leur mal-être, car elles ne font jamais vraiment référence à leur blessure profonde.

On pourrait penser que Zoey est tiraillée entre sa culture sud-coréenne et américaine étant donné qu'elle a vécu là-bas.

Ce qui nous met la puce à l'oreille, c'est que dans le clip Golden, elle dit : "Entre deux vies, dis-moi qui je suis", mais ce n'est pas tout.

Au moment où elle accompagne Rumi chez le médecin , il analyse chacune d'entre elles et lui dit qu'elle cherche à faire plaisir à tout le monde mais dans l'excès.

Ce que confirment ses deux amies aussitôt.

Mira quant à elle, serait en conflit avec sa famille mais on ne connait pas la raison.

Enfin, Rumi est orpheline et vit avec Céline, une amie de sa mère qui l'a prise en charge et protégée après la mort de celle-ci.

Malgré l'identité inconnue de son père, nous savons qu'il est un démon.

Rumi se trouve dans une position complexe pour se définir sans vraiment connaître ses origines, tout en affrontant sa nature démoniaque qui n'est pas acceptée par Céline.

L'unité fait la force

S'il y a bien une chose que l'on peut retenir de ce film, c'est qu'il arrive à démontrer que même dans les moments les plus difficiles, on peut faire de notre souffrance une force.

Tout au long du film, nous comprenons qu'en réalité, tout le monde est affecté par des blessures, que ce soit des insultes, un environnement toxique ou autres.

Cependant, il est bien mis en avant que le fait d'être entouré par des personnes dignes de confiance peut nous aider à nous sentir mieux.

On nous amène donc à accepter cette douleur, sous toutes ses formes, et que le cheminement vers la guérison commence par l'acceptation.

Des valeurs humaines et un hommage

On peut donc penser que KPop Demon Hunters n'est pas qu'un simple film d'animation, il rend hommage à tous ceux qui se battent contre des blessures invisibles.

Tout en dénonçant la pression sociale, et les violences auxquelles nous pouvons faire face dans la vie, ce film veut nous transmettre un message.

Il nous encourage à être la meilleure version de nous-même en acceptant notre passé avec ses blessures et à comprendre les autres.

Et comme l'a si bien dit Albus Dumbledore dans le film Harry Potter :

"Mais vous savez, on peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres. Il suffit de se souvenir d'allumer la lumière."